Pyramide du Soleil - Teotihuacán

L’Art de Vivre, l’Art comme État d’Être

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L’Art de Vivre, ou l’Art comme État d’Être est un concept très ancien.

L’Art de Vivre, L’Art en tant qu’État d’Être est une approche de la Vie et de son Sens, transmise par les Toltèques. Ce peuple antique de Méso-Amérique, a eu une immense influence sur les cultures amérindiennes.

L’époque actuelle de Transmutation globale, marque l’avènement du Nouveau Paradigme. Cette période a été annoncé depuis longtemps comme « la Fin des Temps » (ou « du temps ?… tel que nous l’avons connu jusqu’ici ? »).

Elle nous invite à renouer avec ces connaissances anciennes, pour un « retour à notre État Originel ». C’est cet État qui, pour moi, est celui de « L’Art de Vivre » ; ou de « l’Art comme État d’Être ».

Mais de nos jours, qu’avons nous gardé de ces savoirs ?

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L’Histoire de l’Art définit celui-ci comme étant simplement un langage.

L’Art de Vivre, la Communication à l’état pur.

L’Art sert l’expression des choses les plus concrètes aux plus abstraites, depuis la nuit des temps.

Il permet l’expression figurative comme les visions de l’esprit.

C’est une interaction communicante pluridimensionnelle. Son message est entendu et « compris » d’abord par le subconscient et l’intelligence émotionnelle. C’est ensuite que le conscient commence son analyse intellectuelle. Le ressenti de l’oeuvre d’art ou de l’expression artistique, intervient avant la perception des cinq sens.

Cette perception et « compréhension » instinctives et intuitives que nous avons de l’oeuvre, s’établissent dans le silence du mental.

Elle s’instaure dans un espace de « résonance » (autant celui de l’artiste que celui du public).

Dans cet état de conscience à la perception pleinement réceptive, l’émotionnel de l’artiste « parle » directement à l’émotionnel de son public. Nous sommes « touchés » par l’oeuvre, avant même d’en analyser et d’en « saisir » mentalement les tenants.

De fait, l’émotionnel de l’artiste et celui de son public entrent en résonance. Ils communiquent à travers l’oeuvre, qui joue alors le rôle de facteur de communication ou de transfert. L’Oeuvre est une messagère qui diffuse une multitude d’informations, qui trouvent leur écho dans les êtres qui lui portent attention.

Ainsi, l’Artiste et le Public se réunissent pour un temps d’intimité dans cet espace de silence de la création accomplie.

Dans cet espace, plus l’interaction est intense, et plus le temps se fige.

Cet arrêt du temps, dans cet instant du ressenti premier, fige aussi le mental qui se tait un instant. Il est alors touché et dépassé par la force de l’émotion résonante.

Silence, Communication et Art.

Dans la culture japonaise, et suivant les principes et enseignements de l’École Zen et du Bushidō ou Budō (la voie du Samurai, « bushi » : « guerrier »), la forme la plus évoluée de communication humaine est le silence.

Cette considération provient du fait que dans le Silence, nous percevons le Soi et l’Autre dans leurs dimensions les plus subtiles. Car notre attention se concentre alors sur une écoute et une communication couvrant des champs de perception tant sensoriels qu’extrasensoriels.

Ces champs s’ouvrent à l’infini sur « l’extérieur », alors que l’attention se tourne vers « l’intérieur », et que l’énergie s’y concentre. Les Japonais nomment cette forme de communication « I Shin Den Shin » (« de mon âme/cœur/esprit à ton âme/cœur/esprit« ). C’est un des fondements profonds de la transmission des Savoirs et Connaissances, y compris le « Satori » (l’Éveil ou l’illumination).

L’Art est l’expression de l’émotionnel et du « monde intérieur » de l’artiste. Il y dévoile son intimité inspirée et silencieuse, plus ou moins masquée et livrée au monde.

C’est un message témoignant des dimensions de perceptions élargies et de visions de la vie inspirées voire illuminées de l’Artiste.

Cette expression d’un instant d’authenticité, de son intégrité profonde, trouve sa motivation dans la force créative innée de l’Enfant intérieur. L’énergie de cet Enfant, dont nous portons l’énergie à tout âge (consciemment ou inconsciemment), s’exprime avec la force et spontanéité. Elle surgit comme la jeune pousse perçant le bitume.

Cela survient lorsque nous retrouvons cet état primordial et d’innocence ; que nous avions avant d’acquérir la structure du langage, par lequel nous nous « laissions agir sans penser » dans la spontanéité.

Comme une pierre jetée dans l’eau calme, le message de l’oeuvre « crée des vagues » dans la conscience.

Ces vagues sont ondes vibratoires de couleurs, de formes, de sons, de senteurs, de parfums ou de goûts. C’est avec elles que la sensibilité émotionnelle du public vibre et entre en résonance.

La résonance naît de l’écho du signal entre émetteur et le récepteur. Elle génère en nous ressenti(s) et sentiment(s), ceux qui nous permettent de dire si on apprécie l’oeuvre ou pas. On émet cet avis sans forcément en connaître la raison. Car « le Cœur a sa raison que la raison ne peut saisir ».

Cette résonance est un pont puissant et profond de communication reliant les acteurs relationnels. Elle permet des partages et des interactions d’une rare richesse. Ne fusse-t-ils exprimés que par la parole la plus simple et la plus humble ; ou même par un silence, par un regard, un sourire.

Cet échange de perceptions émotionnelles prend parfois l’aspect d’un acte de courage. Courage d’avoir confiance en soi et en l’Autre ; pour s’ouvrir à lui et lui révéler une part de l’intime ressenti émis ou reçu.

Mais l’influence et les effets de l’Art s’arrêtent-ils là ? Ou bien vont-ils au-delà de ce pouvoir de communication de l’Art ?

L’Art se limite-t-il à être simplement un Langage ?

L’État d’Être engendre l’Art et l’Art engendre l’État d’Être.

Par son potentiel d’expression des choses les plus intimes, profondes et abstraites, l’Art est plus qu’un Langage.

Car étant généré par « l’État d’Être » de l’artiste, l’Art engendre aussi des états d’être.

Il ne s’agit donc pas uniquement d’un simple transfert d’informations intelligibles, aussi subtiles puissent-elles être.

Les Chamanes, Hommes-Médecine et Guérisseurs par le Son témoignent de la puissance thérapeutique de l’Art ; parmi de nombreux autres exemples et facteurs d’expression. Aujourd’hui, l’Art-Thérapie et la Musicothérapie, suivent cette voie dans le monde occidental.

Aussi, de tous les temps, l’Art a été un moyen subtil d’exprimer autant le Profane que le Sacré.

Dans le monde duel, une distinction, puis une séparation se sont insinuées entre le sacré et le profane. La séparation du tangible et de l’intangible se manifesta comme pour préserver le caractère initial sacré de l’Art.

L’Art est une puissance. Il porte le pouvoir du Son, de la Couleur et de la Lumière, ou de la Forme. Il s’agit toujours d’une onde vibratoire pénétrante et multi-fréquentielle, à la fois tangible et intangible.

Cette puissance d’effet est une responsabilité majeure dont encore trop peu d’artistes ont conscience et acceptent la réalité. À l’origine tout est sacré. Mais le regard de l’Homme sur le sacré s’est perverti, et cette conscience du sacré a été corrompue.

L’Art n’est pas un métier, ni le représentant d’une simple discipline dite artistique.

L’Art ne peut se réduire à cet état de « discipline ».

Bien que, pour pouvoir être florissant, il implique une certaine discipline personnelle de l’Artiste. Le perfectionnement de la Force et de l’Harmonie de l’expression de son Art requiert un plein investissement entretenu de l’Artiste. Mais, pour l’Artiste en totale osmose avec l’Art, cette discipline s’est transformée en pur désir d’exprimer et de créer ; désir vital qui devient sa raison d’être.

Initialement, l’Artiste est un visionnaire. C’est un Éclaireur, tel un « Chamane », dont l’Art « révèle l’État ».

D’où l’aspect incontournable de la « discipline personnelle » de libération et d’alignement personnels dont l’Artiste a la responsabilité. Car l’œuvre d’Art impacte autant son créateur (par le fait d’en être la Cause) ; que son public (par l’Effet qu’elle produit). Elle est soumise, comme toute chose en notre monde, aux Lois cosmiques de Causalité et d’Interdépendance.

Ainsi, répandre le Bien (par l’Amour, l’utilité, l’harmonie, les saines valeurs humaines, etc) génère le Bien et l’Évolution pour l’ensemble ; l’inverse génère la Dysharmonie, le chaos et l’Involution ou la destruction.

L’Art est un État de Conscience.

Certains artistes ont une prédisposition ; par un développement plus ou moins précoce de certaines aptitudes.

Ce sont des capacités créatives, cognitives, sensorielles et d’apprentissage constructiviste.

Il y a en effet beaucoup d’autodidactisme sur les parcours de formation et de développement des compétences des artistes.

D’autres ont besoin d’étudier les techniques et savoir-faire en étant enseignés, guidés, encadrés. Mais tôt ou tard survient cet aspect de l’autodidactisme et l’autonomie d’évolution, dans la maturité de leur parcours.

Pour ceux dont le Chemin de vie est déjà ancré dans l’Art, l’aspiration de cette voie est irrésistible.

Elle devient très rapidement un état d’être intégral et vital.

Alors, cet « état d’être » ne nous quittera plus à partir du moment où il nous a saisi. Il nous happe, en même temps qu’il nous révèle. C’est une voie où, dès que nous y avons fait les premiers pas, nous ne pouvons ni faire marche arrière, ni nous en extraire.

Le chemin de l’artiste est difficile, c’est souvent celui d’un pionnier. Car il implique de l’engagement pour « ouvrir la route » de l’inconnu, et de nombreux sacrifices. Il déclenche de nombreuses transformations profondes de l’être, tout au long de son évolution. Il alterne des cycles de « hauts » et de « bas » marqués de grande remises en question.

Les Cycles d’Évolution ou de maturation du Chemin.

Comme pour les cycles d’âges de la vie, l’Artiste connait des cycles de maturation.

Après le début de son parcours, il traverse une phase d’adolescence et des comportements rebelles. Ce positionnement rebelle surgit à l’origine comme une protection instinctive. Il cherche alors à se protéger d’un environnement « cassant son rêve » ; ou s’opposant à son choix de suivre la Voie de l’Art.

Ensuite vient un âge adulte qui est très souvent un cycle formateur très riche et intense en perfectionnements d’apprentissages.

Puis vient un âge mur où souvent (mais pas toujours), l’artiste s’implique d’avantage dans l’enseignement de son Art. C’est l’âge de la Transmission de ses Savoirs. Ce temps se manifeste lorsqu’il parvient à une certaine maîtrise. Il est alors capable de ressentir, vivre et partager son Art accompli dans toutes ses dimensions d’expression. La dimension spirituelle, ou philosophique y est généralement incluse.

Sur son Chemin de vie, rien n’est linéaire.

Parfois, l’artiste passe par des périodes d’apparente stagnation de création, de production ou de diffusion, ou globalement d’activité. Il reste et Est malgré tout un artiste. C’est un état intégré et ancré en son être.

Son « état » fait partie inaliénablement de son être, jusqu’à son dernier souffle. Il est, durant ces temps de remise en question et d’évolution interne, comme la graine qui germe sous la terre durant l’hiver. Il attend la venue d’un nouveau printemps en traversant un processus de métamorphose « dans l’œuf ».

Ainsi, l’Art est un état de conscience qui inclut autant le Faire que le Non-faire (ou le « Faire-autre-chose ») ; comme deux composantes indispensables à la création.

Car l’Art est en accord et en harmonie avec les cycles naturels, et donc de l’univers. Expansion et concentration, agir et non-agir, extraversion et introversion, guident son rythme d’avancée, car il en dépend. Il le sent et il le sait, il ne peut s’y opposer ni lutter contre. Comme l’enseigne le Zen : « il y a un temps pour méditer et il y a un temps pour agir ». Ainsi s’équilibrent les cycles du Vivant.

Le contexte professionnel de l’Activité artistique y change-t-il quelque chose ?

C’est à la condition de lui donner sans compter la meilleure énergie de manière soutenue, que l’Art nous renvoie l’énergie nécessaire à poursuivre son chemin. C’est une aventure de la quête de liberté à travers l’Impermanence.

L’Art en tant que voie professionnelle est (parfois durement) sélectif.

Seuls ceux qui reçoivent cette énergie en retour de manière suffisante, continuent ce chemin ; en ne pouvant concevoir en réaliser un autre. Pour cela ils doivent accepter les contraintes et conditions imposées par cet état d’être ; celles de l’artiste professionnel et de ses voies de développement.

Cependant, certains préfèrent quitter cette « dépendance alimentaire » liée à leur activité artistique.

Ils le font pour préserver l’intégrité, la pureté et la totale liberté de création. Ils préfèrent agir avec un minimum de contraintes extérieures, en lien aux contingences matérielles.

Ce choix leur permet alors de se libérer du stress inhérent aux pressions des exigences de l’activité professionnelle ; et de prioriser la qualité de leur état créatif. Ils ne ressentent plus alors ces tensions, qu’ils considèrent comme des influences corruptives ; inhérentes aux nécessités de « production » ou de « résultat ».

Ainsi, de manière générale, pour l’Artiste, l’Art en tant qu’État d’Être est aussi vital que le sang qui coule dans ses veines.

Il en est de même autant pour le « pro », que pour celui qui est « amateur », ou ne vit pas (ou plus) de sa passion.

Bien que ne vivant pas de l’Art, l’amateur n’en est et n’en reste pas moins un artiste. Ceci, parce que l’Art l’a choisi, l’a pris et le nourrit sa Joie de Vivre. L’Art lui apprend ou lui a appris à « devenir l’Art, au-delà de l’artiste ».

L’Art de Vivre en Pleine Conscience dans l’Ici et Maintenant, et expression du Sacré.

Nous avons vu que l’Art est l’expression de l’Ici et Maintenant, un Instant de pure création dans l’éternité.

Le Zen est une Voie enseignant le développement de l’attention permanente dans l’Ici et Maintenant, à chaque instant ; dans chaque chose, les « grandes » comme les « petites » choses. Cette « présence à soi » s’applique dans les actes aux aspects « sacrés », comme dans ceux aux aspects « profanes ».

Cette attention en toute chose Ici et Maintenant est ce qu’on appelle la Pleine Conscience. Elle est le fondement de toute pratique liée au Zen ; comme le Budō (la Voie des Arts martiaux), le Shodō (Voie de la Calligraphie) ou encore le Chadō (Voie du Thé).

La Pleine Conscience, c’est rendre sacré chaque acte et non-acte de la vie quotidienne.

« Être (le) Zen », c’est être en état de Pleine Conscience.

Non seulement pendant Zazen (la méditation assise et sans objet ni but -pas même celui d’y trouver un avantage ni une illumination- : c’est Shikantaza,« S’asseoir -juste- pour s’asseoir ») ; mais également tout le reste du temps.

Cet état de Pleine Conscience permanent ce développe peu à peu, par la pratique régulière de Zazen.

Ainsi, se laver, faire la vaisselle, le ménage et toute autre activité devient, tel un rituel, sacré. Le but n’est pas de s’attacher au rituel. Le Zen enseigne également le détachement ; le lâcher-prise qui libère des souffrances générées par le besoin de contrôle du mental égotique.

Alors le rituel n’est sacré que par le fait qu’il nous apprend à développer notre Pleine Conscience, ou Pleine Présence à Soi et au Monde.

Le rituel n’est pas le but, mais le chemin. Il est la voie de Manifestation du Sacré qui est en chacun de nous. Le Sacré est Lumière, Amour inconditionnel et universel, et Compassion (lorsque la Sagesse s’unit à l’Amour).

Que ce soit par une approche spirituelle, métaphysique, religieuse ou philosophique ; « Du Divin nous venons, du Divin nous sommes et au Divin nous retournons ».

Le Sacré nous amène, nous guide au Divin. Ignorer le Sacré de la Vie nous détourne et nous éloigne du Divin.

D’où l’importance, en ces temps de Transmutation, de revenir et de cultiver, individuellement et collectivement, le Sacré. On aborde le Sacré par la Pleine Conscience et l’Art de Vivre, ou l’Art comme État d’Être permanent ; Ici et Maintenant, à chaque instant et à l’infini.

De même que le rituel, l’Art, dans son aspect originel, est sacré.

Car il est Pleine Conscience dans l’expression de l’État d’Être, dans l’acte de création Ici et Maintenant.

Pleine Conscience et Art.

La Pleine Conscience est comme l’Art, car la Pleine Conscience est dans l’Art et l’Art est dans la Pleine Conscience.

Tous deux sont donc la Vie, vécue en conscience, en suivant une expression de l’Harmonie holistique.

Ainsi, dans l’absolu, la Pleine Conscience et l’Art concernent non seulement les artistes, mais également tous les êtres humains.

Alors, l’Art ne pourrait-il ouvrir sa pratique à tous, pour devenir une voie de développement humain commune, collective et fondamentale ?

Les institutions d’États de l’Éducation se penchent depuis plusieurs années sur les potentialités d’éveil et de développement de la créativité. Les champs de recherche on commencé à intégrer des programmes artistiques dès le cycle primaire.

En France, l’Éducation investit la « R&D (Recherche et Développement) dans le cadre de la Pédagogie Expérimentale. Cette dernière s’appuie sur la mise en rapport des méthodologies d’enseignement et des disciplines artistiques. Une prise de conscience est en cours, au sujet des moyens et modalités utilisés pour la Transmission des Savoirs.

Shri Paramahansa Yogananda avait déjà compris l’importance de l’Art dans l’Enseignement. Il avait inclus le Chant comme un des fondement de son programme éducatif. Yogananda le diffusait dans son Ashram de Ranchi en Inde, au début du XXème siècle. Il y enseignait « l’Art de Vivre » à ses élèves ; des enfants et des adolescents.

« Autobiographie d’un Yogi » de Paramahansa Yogananda – Éditions Self-Realization Fellowship fondées en 1920.

Paramahansa Yogananda - Article "L'Art de Vivre, l'Art comme État d'Être" de Franck Cohendet - https://suishoreikido.org
Paramahansa Yogananda

L’Artiste, tôt ou tard, comprend et reconnaît comme une vérité essentielle que l’Art est une manière d’être. Il est conscient de cette quête permanente d’équilibre avec soi-même et l’environnement, au-delà du Temps et de l’Espace.

Cette notion de « au-delà du Temps et de l’Espace » se fonde sur l’aspect absolu et non duel de cet état d’être. Cet état qui est projeté dans l’Ici et Maintenant par la conscience unifiée au Tout, de façon intemporelle et indépendante du lieu.

Au final, l’Artiste ne doit-il pas sentir, admettre et reconnaître par l’évidence, que l’Art est un état libéré et élevé de la conscience humaine ? Que cet état doit englobe tous les aspects et situations du rapport à la création, dans tous les contextes de vie ?

Cela parait évident, puisque, suivant les Principes de la Pleine Conscience, le moment le plus juste pour accomplir est ici et maintenant. Et l’endroit le plus juste d’où émane l’accomplissement est le Centre de l’Être. Ce Centre, c’est « Shōten », « le Point ou Temps Zéro » connu dans le Zen et le Budō.

Tôt ou tard dans la (les) vie(s) de l’Être, on ressent aussi ce besoin de commencer à « Vivre avec Art ». On commence alors à cultiver l’Art de vivre comme un moyen puissant et majeur d’évolution humaine personnelle et collective.

Cela peut se traduire par « une quête de Sens » ou d’Harmonie.

L’Artiste est, comme nous l’avons vu, un pionnier, un « ouvreur ». Il révèle de façon explicite et accélérée ce que sont l’Être Humain et le monde, de façon globale. Il y œuvre en exposant sa vision, par l’expression de sa sensibilité. Celles-ci résultent de l’ouverture des champs de perceptions et de sa conscience.

La maturation du chemin artistique tend à conduire son protagoniste à une perception spirituelle de lui-même, du monde et de la vie.

La Vie est Art et l’Art est Vie. On ne peut pas les dissocier -sinon mentalement et illusoirement-. Ce sont des aspects manifestés de la Créature issue de la Création. Ce sont deux faces de l’Œuvre, de l’Humain sur son chemin d’accomplissement, de réalisation, d’évolution et de vie.

Ainsi, chaque être humain est un Artiste dans l’absolu, chacun à sa manière et dans sa singularité.

La vision Toltèque de l’Art de Vivre.

Teotihuacan - Article "L'Art de Vivre, l'Art comme État d'Être" de Franck Cohendet - https://suishoreikido.org
Teotihuacán, « la Cité des dieux » – Mexique

Les Toltèques avaient développé cette approche du « Pouvoir de l’Art », et en avait fait une « Voie de Connaissance » :

« Il y a des millénaires de cela, les Toltèques étaient appelés, dans tout le Sud du Mexique, « Hommes et Femmes de Connaissance ».

Les anthropologues ont parlé des Toltèques, comme nation et comme race, mais, en fait les Toltèques étaient des « scientifiques et artistes » à la fois, qui formèrent une société pour explorer et conserver la connaissance et les pratiques spirituelles des anciens.

Ils se réunissaient, maîtres (Naguals) et disciples, à Teotihuacán, la vieille cité aux pyramides au Nord de Mexico, l’endroit où « l’Homme devient Dieu ».

Au fil des millénaires, les Naguals furent forcés de cacher la sagesse ancestrale et de maintenir son existence dans l’obscurité.

La conquête européenne, et le mauvais usage chronique du pouvoir personnel par certains apprentis, contraignirent à mettre la connaissance à l’abri de ceux qui n’étaient pas prêts à en faire un sage usage, ou qui en auraient abusé à des fins personnelles. Heureusement, la connaissance toltèque ésotérique avait été transmise dans diverses lignées de Naguals. »

« La voix de la connaissance : un guide pratique vers la paix intérieure » de Don Miguel Ruiz – Éditions J’ai Lu.
Don Miguel Ruiz est un auteur mexicain, chamane et enseignant, rendu célèbre par son ouvrage « Les quatre accords toltèques » qui est un immense best-seller mondial.
Don Miguel Ruiz - Article "L'Art de Vivre, l'Art comme État d'Être" de Franck Cohendet - https://suishoreikido.org
Don Miguel Ruiz

Donc, ce concept de l’Art ouvert à tous ; en tant que base éducative et de voie de Développement Personnel individuel et collectif ; rejoint effectivement celle de la connaissance et la sagesse toltèques :

« (…) Puis je me souvins que le mot Toltèque signifie « Artiste de l’esprit ».

Dans la tradition toltèque, chaque homme est un artiste, et l’art suprême est l’expression de la beauté de notre esprit.

Si nous comprenons ce point de vue, nous pouvons voir combien il est merveilleux de s’appeler artiste, au lieu d’humain. Quand nous pensons que nous sommes des humains, nous limitons la façon dont nous nous exprimons dans la vie. (…)

Mais si nous nous appelons artistes, où est la limitation ? En tant qu’artistes, nous n’avons pas de limitation ; nous sommes créateurs, tout comme celui qui nous a créés. Les Toltèques croyaient que la force de vie qui oeuvre en nous est ce qui crée vraiment l’art, et que chacun est un instrument de cette force.

Chaque manifestation de l’artiste suprême devient elle-même un artiste qui manifeste l’art au moyen de ses propres manifestations. L’art est vivant, et il a une conscience de soi parce qu’il vient de la vie.

La création est continue, elle est sans fin, elle arrive à chaque moment, partout. Comment vivons-nous notre vie ? C’est notre art, l’art de vivre. Avec notre pouvoir de création, nous exprimons la force de vie dans tout ce que nous disons, tout ce que nous sentons, tout ce que nous faisons.

Mais il y a deux sortes d’artistes : ceux qui créent leur histoire sans conscience, et ceux qui recouvrent la conscience, et qui créent leur histoire avec vérité et amour. (…) »

« La voix de la connaissance toltèque » de Don Miguel Ruiz (page 52)

Vivre avec art c’est vivre en conscience.

Ce principe rejoint celui du Zen, du Yoga, du Reikihō et de bien d’autres chemins spirituels visant l’unicité dans l’Infini.

L’Art est donc une voie d’expression et de communication qui abouti tôt ou tard à l’approche et au développement spirituel personnel puis collectif. Ceci se produit par la mise en application de cette communication « à l’état pur », englobant et touchant la totalité des dimensions et des réalités de l’Être.

Par ce constat, nous pouvons mieux comprendre et appréhender le rôle des chamanes et hommes-médecine depuis les temps très anciens ; jusqu’à l’avènement de la musicothérapie, puis de l’art-thérapie dans notre époque contemporaine.

Pour autre exemple, l’évolution de l’Art classique vers l’Art contemporain et ses principes d’abstraction ; par le démantèlement des canons conceptuels, idéologiques et techniques du classicisme ; exprime cette « ouverture dimensionnelle » du concept d’expression artistique.

Pour exprimer cette ouverture, l’Art contemporain livre l’abstraction conceptuelle concrétisée dans ses états les plus bruts et fondamentaux, jusqu’aux états les plus élaborés.

Conclusion : L’Art de Vivre, ou l’Art comme État d’Être

L’Art est en l’être. Il nous amène par la pratique à nous laisser agir sans penser dans la création, à nous y abandonner tout en apprenant à vivre en (Pleine) Conscience.

Ainsi il nous pousse à nous découvrir et à nous connaître profondément dans l’action de créer. L’Art de Vivre ou d’Être est le Chemin de la Réalisation du Soi.

Chandra Swami -authentique sage Hindou-, dans son livre « L’Art de la Réalisation », exprime cette démarche. Il la décrit comme étant « simplement la vérification concrète, pratique, dans notre vie quotidienne, ici, maintenant, de cette vérité éternelle que les sages d’âge en âge, d’Orient ou d’Occident ne cessent d’énoncer ». Et il en est lui-même le témoignage vivant.

« Vous êtes Être-Conscience-Joie, au-delà de la peur, de la souffrance, de la dualité du moi. »

« L’Art de la Réalisation » de Chandra Swami – Éditions Albin Michel / Spiritualités vivantes.
Chandra Swami - Article "L'Art de Vivre, l'Art comme État d'Être" de Franck Cohendet - https://suishoreikido.org
Chandra Swami

L’Art est espoir et développe intuition et foi par la force du parcours. L’Art donne du Sentiment à tous les aspects de la vie.

Il nous permet de la comprendre par le Sentiment, c’est-à-dire par le langage du Cœur ; ou par le ressenti de l’accord du corps, du cœur et de la tête, unifiés par et dans la Pleine Conscience.

Cet État, avec son mode de perception et de compréhension, manifeste cette paix intérieure. Nous le ressentons par la paix qui nous emplit, lorsque nous avons fait un choix, ou quelque chose en accord avec notre intégrité et nos valeurs personnelles. C’est un ressenti de libération, d’apaisement, parfois de « bonne fatigue » et parfois de légèreté ; mais toujours d’une grande joie, jusqu’à une immense satisfaction générant une profonde Gratitude.

L’Art est donc bien une Force en nous. Il nous anime et nous pousse à exprimer et manifester, d’une manière ou d’une autre, notre quête d’absolu consciente ou inconsciente. Il nourrit la Vie en nous.

L’Art est la Vie, la Vie est Art.

Si la vie n’a pas de Sentiment, qu’est-ce que la vie ; sinon une existence de peu de saveur et hantée par les peurs car détournée de l’Amour ?

Peut-être offre-t-elle l’impression d’être quelque peu protégée des souffrances surgissant des expériences du chemin et des relations. Ces souffrances qu’éprouve l’Être, dans ses résistances à l’acceptation, au lâcher-prise, au changement, aux transitions, à l’évolution et à l’ouverture. Mais alors la vie est aussi dépourvue de la beauté et des enseignements de l’Amour.

Ce « Sentiment » est l’écho du Cœur de l’Artiste à la Vie, sa résonance à la Vie.

Chaque être humain est en capacité d’Être ainsi, de le vivre, de l’exprimer et de le partager ; d’être un artiste de la Vie

En se « reconnectant en (Pleine) Conscience au Soi », on peut retrouver l’Artiste en nous-même. C’est ainsi, comme l’avaient déjà compris les Toltèques, « Hommes et Femmes de Connaissance », « Artistes de l’Esprit ou de la Vie ».

La Vie choisit l’Être humain , car il est en vie, il est la Vie. Cela valide le fait que l’Art (la Vie) a choisi l’Artiste (l’Humain), car il (elle) l’anime.

Ainsi, lorsque la conscience se réunifie à la supra-conscience, l’Artiste Est l’Art. Parce qu’il crée dans l’Harmonie de son « Être-Conscience-Joie » aussi naturellement qu’il respire la Vie.

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© Franck Cohendet / Suishō Reikidō® Août 2017 (Blog Valeurs Humaines & Suishō Reikidō®) – St-Germain-des-Prés, Paris – Modifié en Mars 2022 – Morlaàs, Pyrénées-Atlantiques, France

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1 réflexion sur “L’Art de Vivre, l’Art comme État d’Être”

  1. Les œuvres d’art sont un héritage précieux que nous devons préserver pour les générations futures. Elles nous racontent l’histoire de l’humanité et nous permettent de mieux comprendre notre passé.

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