La pratique de Zazen et ses Bienfaits

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"La pratique de Zazen et ses Bienfaits" / "Gyōji" ⋅ Article du Blog Suishō Reikidō® ⋅ Franck Cohendet - Crédit photo : ©Alexander Karpecho - https://suishoreikido.org
« Shikantaza » : « S’asseoir pour s’asseoir » ⋅ La pratique de Zazen – Crédit photo : ©Alexander Karpecho

Le titre de cet article sur les bienfaits de Zazen aurait pu être aussi « les Bienfaits de Gyōji », ou « les Bienfaits de l’Éveil ».

« Gyōji » en Japonais signifie la pratique continue, infinie et incessante de Zazen. C’est le « Dōkan », « l’Anneau de la Voie » que Dōgen Zenji, grand maître et patriarche du Zen (1200 – 1253), expose dans le Shōbōgenzō en y consacrant tout un chapitre. « Zazen« , c’est la pratique de la méditation assise du Zen.

De nombreuses informations citées ici sont issues des conférences de Roland Yuno Rech Sensē, disciple direct et ordonné moine par Deshimaru Sensē.

La pratique de Zazen et ses Bienfaits : Temps de lecture : 8 minutes

Gyōji

Gyōji est le principe de la continuité de la pratique de Zazen, la méditation assise du Zen. Cette continuité part depuis Siddharta Gautama, devenu Bouddha Shakyamuni par son Éveil, pour arriver jusqu’à nos jours, en incluant tous les maîtres et patriarches de la pratique de la méditation.

Cette pratique de la méditation implique l’état « Mushotoku« , afin qu’elle soit le plus bénéfique. Cet état d’être « sans but ni esprit de profit » s’applique non seulement à toutes les pratiques du Zen, mais aussi à tous les actes de la vie quotidienne.

Bien que Gyōji signifie « pratique régulière », elle n’est pas forcément quotidienne, surtout pour les laïques qui pratiquent Zazen. Comme repère on peut prendre cette indication de Dōgen Zenji qui disait « de pratiquer comme on prend nos repas ».

Hishiryō est également un état incontournable de la pratique juste de Zazen. Hishiryō, c’est « penser sans penser ».

L’enseignement de Deshimaru Rōshi

"La pratique de Zazen et ses Bienfaits" / "Gyōji", la continuité de la pratique de Zazen depuis Bouddha Shakyamuni ⋅ Article du Blog Suishō Reikidō® ⋅ Franck Cohendet - https://suishoreikido.org
Deshimaru Taisen Rōshi

Gyōji

Deshimaru Taisen Sensē, pour illustrer ce principe de Gyōji, prenait en exemple la goutte d’Eau.

La goutte d’Eau est par essence fragile, volatile ; cependant elle est puissante. Car la répétition régulière d’une goutte d’Eau qui tombe au même endroit sur un rocher, creuse peu à peu un trou.

Cette analogie explicite la puissance de la pratique transposée dans le temps. Car elle crée des effets bénéfiques, dans le non-attachement à ce résultat (Mushotoku).

Les 10 mérites de Zazen

Deshimaru Rōshi avait fait une liste des 10 bienfaits ou mérites de Zazen, qui sont :

  1. Les 5 organes de la perception retrouvent leur état naturel et originel, qui est celui du calme spirituel.
  2. L’esprit se purifie des interférences de l’Ego.
  3. Les illusions se dissipent, l’acuité du discernement s’affine.
  4. L’esprit d’attachement s’affaiblit, permettant d’Aimer véritablement et sans attachement au Moi, qu’il s’agisse de s’aimer ou d’aimer les autres. Car l’Ego s’attache à ce qu’il pense ou veut posséder.
  5. Les influences du monde extérieur perdent de leur puissance, car le discernement perçoit avec lucidité les formes et l’origine des influences.
  6. La peur s’évanouit, car l’esprit détaché n’a pas peur de perdre quoi que ce soit. Ce mérite est chanté dans le Sutrā du Cœur, « Hannya Shingyō », chanté par les moines après le Zazen du matin. Il y est mentionné « l’esprit sans obstacle et sans peur ».
  7. L’esprit de Compassion s’épanouit et mûrit, le Chemin du Bodhisattva s’ouvre.
  8. La vertu de patience et résilience augmente, et elle permet la durée dans un cheminement de Compassion.
  9. La sagesse se manifeste. Et comme le disait Manjusrī, elle nous permet de comprendre notre nature de Bouddha commune.
  10. La Foi s’approfondit et « l’esprit religieux », ou l’Harmonie avec le Tout / L’Un / La Source / le Cosmos / … se révèle.
Foi et « esprit religieux »

Le sens de « religieux » n’a ici pas le sens tel qu’il est parfois caricaturé par les institutions religieuses. Le Zen n’est, dans ses fondements, pas une religion, mais une pratique spirituelle, ayant des effets dans toutes les dimensions et temporalités d’existence de l’être qui le pratique. L’essence et l’essentiel dans la pratique du Zen c’est Zazen.

En pratiquant dans l’état Mushotoku, l’être accède à la source du véritable esprit de dévotion, exprimé par l’Amour. Ce véritable esprit de dévotion n’est absolument pas dogmatique, ni basé sur des croyances. Il est ancré dans la Connexion harmonieuse au Tout. C’est l’esprit qui a inspiré et guidé tous les Prophètes et Messagers, qu’il s’agisse de Bouddha, de Yéshoua/Jésus/Aissa, ou de Mohammed.

D’ailleurs, dans la pratique du Zen, l’emphase est beaucoup plus mise sur la pratique de la méditation et l’expérimentation individuelle et collective. L’étude des textes sacrés est secondaire. Puisque qu’un des préceptes du Zen et de Gyōji est le non-attachement, et qu’il inclut le non-attachement aux rituels et même à la pratique.

Mushotoku

Dépasser le stade de l’attente de quelque chose dans et par la pratique de Zazen, vous donne accès à la pratique pour la pratique elle-même. C’est la pratique de Gyōji pour lui-même, rien d’autre. Dōgen Sensē disait « Shikantaza« , qui signifie « s’asseoir −juste− pour s’asseoir −et respirer− ».

En pratiquant ainsi, la pratique devient pure, car elle est sans objet ni esprit de profit.

Cette pratique Mushotoku va influencer tout ce que vous faite dans votre vie quotidienne. La pratique sans objet devient ainsi une pratique d’Éveil et de Bonheur, qui s’applique à toutes choses et toutes circonstances.

Le Sens de l’Éveil dans le Zen

"La pratique de Zazen et ses Bienfaits" / "Hokkaijoin" ⋅ Article du Blog Suishō Reikidō® ⋅ Franck Cohendet - https://suishoreikido.org
« Hokkaijoin », le « Mudrā cosmique » de Zazen

L’Éveil, c’est choisir consciemment la Lumière de l’Esprit aux chaînes de l’Ego.

Dans le Zen et le Bouddhisme, le sens du mot « Éveil » a plusieurs significations. Il exprime :

  • L’éveil à la conscience de notre interdépendance avec l’Univers tout entier ;
  • L’éveil ou le réveil de notre conscience par rapport aux illusions du monde, qui nous empêchent d’être complètement libres. Car, par la pratique de Zazen, on arrive à se rendre compte à quel point nous sommes conditionnés de façon mortifère, dans notre manière de percevoir (sensorialité excluant l’extra-sensorialité) et de penser (cognition filtrée par les programmes subconscients), par la répétition contrainte.
  • La Sagesse, qui résulte de la compréhension par la mise en application des deux premiers préceptes. La sagesse n’est pas quelque chose qui s’étudie comme la Philosophie ou des Traités de Métaphysique. Mais elle découle de ce qu’on apprend de nos expériences de tous les jours, et de la pratique de Zazen. Car la pratique de Zazen produit, en dehors de sa pratique, des « flashes » de compréhension ou d’illumination, que Deshimaru Sensē nommait des « petits Satori » ; le « grand Satori » étant Zazen lui-même.

Satori

Satori signifie « compréhension » en Japonais, au sens de « comprendre, saisir, éveil spirituel ou illumination dans le Bouddhisme ».

Les « petits Satori » que produit la pratique de Zazen sont des guidances, orientant vers un changement pour le mieux. Cette compréhension profonde est associée à celle de l’intuition, et au fait de saisir une vérité profonde ou « suprême ». On accède alors à la constatation qu’il n’y a pas de réalité « substantielle » fixe, mais qu’il y a une réalité fondamentale qui s’appuie sur les « Deux sceaux du Dharma ».

Le Dharma signifie « Loi », qu’il s’agisse de la « loi personnelle », de la loi bouddhique, ou de celle du Cosmos / du Tout / de L’Un −ce qui revient au même−. Ces deux sceaux sont des vérités que rien ne peut contredire. Ce sont :

  • L’Impermanence, même dans les phénomènes réguliers ou qui se répètent (comme les saisons ou Zazen) ;
  • et L’Interdépendance : rien n’existe par soi-même, tout ce qui existe est relié à « tout le reste » ; et donc à l’Univers.

Le Satori peut-être obtenu en dehors de la pratique de Zazen, comme dans les activités de la vie quotidienne par exemple.

C’est ce que Dōgen Zenji appelle le « Genjō Kōan ». Genjō signifie « actualisation » ; et Kōan, « question ou mots d’où surgit la vérité » −même au-delà de toute logique−. En réalité, la Vérité s’actualise dans tous les phénomènes.

Zazen permet de développer cette faculté de perception de la vérité, au-delà de tous voiles de l’illusion. Car Zazen ouvre, ajuste et affine vos capacités et champs de perception. C’est comparable à ce qui est nommé, dans la religion chrétienne, « recevoir la Grâce de Dieu ». C’est un état de réceptivité accrue.

Le non-attachement

Le non-attachement est une libération importante, qui s’applique absolument à tout.

Par le non-attachement, l’Ego s’efface et cesse de vouloir posséder, et ainsi l’Âme reprend sa place sur le trône du Cœur pour Aimer sans condition. Ce non-attachement inclut même la pratique du Zen et les rituels.

Ne pas s’attacher aux rituels est important. Car en définitive, le ritualisme est un signe de névrose obsessionnelle qui mène au bigotisme. Par contre, il est essentiel de les respecter, pour s’harmoniser avec l’ensemble. Car l’ordre apaise et le chaos angoisse. C’est pour cette raison que les personnes angoissées ont besoin de rituels pour compenser cette peur de ce qu’ils perçoivent comme le « désordre », ou des choses inhabituelles, ou l’inconnu.

Les rituels du Zen n’ont pas pour vocation de devenir ainsi. Mais ils organisent un sens de l’harmonie générale, individuelle et collective. C’est un des principes de la Voie du Milieu (« Aucun excès en rien, aucun excès en tout »). Il est important de comprendre les rituels, sans s’attacher à une forme particulière.

Deshimaru Sensē disait que la vraie sagesse ne peut pas être enfermée dans des catégories, ni dans des concepts. Car la vraie sagesse est une création Ici et Maintenant.

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© Franck Cohendet Mai 2025 – Douar Ifrane, Sidi Kaouki, Essaouira, Maroc

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